01/06/2016
Alors qu'Abbi Patrix a quitter la Maison du Conte de Chevilly Larue au mois de juin dernier, voici mon éclairage sur ce qu'était de participer aux Labos qu'il a mis en place. Rendons à César...
C’était un lieu non pas de formation, mais fait pour la recherche et l'accompagnement. Un espace dédié à l’art du conte comme art singulier de la scène.
Une aventure complètement atypique. C'est le qualificatif qui s'impose pour décrire le (les)Labo(s) créé par Abbi Patrix à la Maison du Conte de 2003 à 2016.
On y accueillait les artistes conteurs-euses professionnels désireux de mener en collectif une réflexion et un travail de fond pour approfondir et forger leur propre langage.
Le(s) Labo(s) s’était avant tout prendre du temps ensemble pour confronter nos questionnements, y développer une pratique et une exigence artistique par le biais de recherches et d’expérimentations, sans obligation de résultat, sans limite formelle dans le temps.
Il n’y avait pas d'argent en jeu mais un engagement pour celui et celle qui acceptait de se mettre en danger. Nous avions droit à l'erreur, à trébucher, à chuter. Et il fallait souvent en passer par toutes ces étapes pour trouver sa propre parole, innover et faire évoluer son écriture.
Pour la Maison du Conte c’était un investissement énorme qui permettait aux conteurs-euses des Labos de se retirer un temps du système économique et de création pour se remettre en question.
Une démarche audacieuse et rare dans un contexte où les artistes professionnels ont de moins en moins de temps et de moyens.
Mais ce n’était pas si facile !...
Nous devions d'abord apprendre à mettre de côté nos mécanismes, nos formatages et nos certitudes. Cela prenait souvent du temps. Et ce n’est qu’après un certain «lâcher-prise» que nous nous autorisions à...
...Ouvrir des portes, tenter des pistes, explorer les potentiels du collectif pour être sûr d'avoir atteint le fondement, la racine de nos questionnements.
Il n'existait aucune obligation ni de spectacle ni de projet de création et ce n’était pas le propos. Ce qui était important c’était l’axe de recherche et son âpreté, dont Abbi Patrix était le garant.
Pour cela nous avons été souvent guidé par des gens qui n’était pas forcément venus du conte. Tous ont alimenté notre recherche par le décalage et la prise de recul qu’ils nous incitaient à faire : des artistes conteurs plus expérimentés, un philosophe, une sociologue, un chanteur, des danseurs-mouveurs, des metteurs en scène de théâtre, des musiciens, des auteurs, un cinéaste, etc, etc.
Alors, quels souhaits maintenant pour l'avenir ?
Qu'il y ait d'autres lieux partenaires, pour créer d'autres perspectives et faire naître d'autres Labos et son esprit de recherche... Continuer à transmettre avec un haut degré d'exigence artistique... et humain !
Alors pour Abbi Patrix, toute ma reconnaissance et merci pour tout ce que tu as permis...et à suivre !!
Jack