J'accompagne la conteuse Catherine Rousseau sur ce spectacle : écriture, jeu, scénographie et lumières

"THÉRÈSE ET MOI"

Un récit qui ne prétend pas tout dire de la vie de Thérèse.

Raconter la vie de ce «géant» de l’histoire féminine et spirituelle du siècle d’or espagnol serait une gageure!

Le parti pris a été de vouloir témoigner, tout en restant fidèle à sa vie et l’héritage qu’elle nous a laissé, de la modernité et de l’actualité de cette femme.

 

Térésa de Ahumada y Cépéda est née en 1515 à Avila, capitale de la Castille. Petite fille, elle est intrépide. Ce qui fera dire à son père «tu me poses bien plus de soucis que tous tes frères réunis ! ».

Et elle en avait neuf !!

Elle va chercher Thérèse. Se questionner. Douter. Se passionner. Entrée au Carmel de l’Incarnation à Avila, contre l’avis de son père, elle doutera longtemps, oscillera entre «prendre la question de Dieu en main» ou se trouver des distractions, qui ne manquent pas d’ailleurs à l’époque dans les couvents. Ce n’est qu’à l’orée de ses 40 ans, après vingt années de vie religieuse, qu’elle vivra ce qu’elle appellera sa « véritable » conversion. S’en suivra tout un itinéraire personnel et mystique dont les fruits seront: la réforme de son ordre religieux ; la fondation d'une quinzaine couvents, (d’autres verront le jour au-delà des frontières espagnoles avec le soutien de Saint Jean de la Croix) ; une œuvre écrite considérable ; un rayonnement spirituel dont on peut encore se nourrir aujourd’hui.

«La Madre» comme la surnommeront les espagnols lorsqu’elle aura atteint l’âge mûr, deviendra pour beaucoup à la fois une amie, une mère, une conseillère, un maître spirituel qui souhaitera proposer à tous son aide, avec la grâce de l’Esprit, pour transformer les vies de ceux et celles qu’elle croisait, pour plus de joie, plus de paix et plus de liberté.

«Sous les cendres de notre monde

que l’on peut trouver insensé, chaotique et perdu,

c'est sous les cendres de ce monde-là

que se cachent les braises d’un Autre Monde,

et c’est celui-là qu’il faut embraser!»

Note d’intention:

Il n’y a encore pas si longtemps, je ne connaissais de Thérèse d’Avila que son nom. 

En lisant par hasard le célèbre livre de Marcelle Auclair racontant la vie de cette Sainte, je fus saisie par la modernité, la proximité et l’humanisme de cette grande dame. Avant même sa démarche spirituelle oserai-je dire.

Par la suite, elle ne m’a plus lâchée et j’ai plongé dans ses écrits.

A 500 ans d’écart, Thérèse d’Avila témoigne, par sa vie et son œuvre, d’un certain nombre de problématiques qui restent en adéquation avec notre époque : la place de la femme dans la société (et dans l’Eglise), le renouveau de la vie spirituelle, la relation entre la contemplation/méditation et l’action.

Je me suis rendue compte que si Thérèse demeure très actuelle et beaucoup lue, c’est parce qu’elle n’enseigne pas du haut d’une chaire, elle partage une expérience.

Ainsi, sa manière de communiquer, de livrer ce qu’elle vit, nous renvoie à notre propre expérience et peut nous inviter à la relire et à l’approfondir. Avec simplicité, elle évoque ce qui se passe en elle. Elle dévoile son monde intérieur.

En faisant cela, comme par un effet de miroir, elle nous invite à regarder ce qui se passe en nous.

En fait, Thérèse parle d’abord d’elle-même, puis généralise pour s’adresser à chacun d’entre nous. On va ainsi s’apercevoir qu’elle a eu des questions que beaucoup d’entre nous se posent encore aujourd’hui. Elle est attirée par Dieu, mais ne sait pas comment faire pour le rejoindre. Les modèles qu’on lui propose ne lui conviennent pas forcement. Alors elle lit la littérature de son époque, fait des essais, erre, se trompe, puis peu à peu trouve son chemin qui la mènera à une alliance si particulière et profonde avec Dieu.

Mais jamais elle n’abandonnera. Comme elle, nous sommes invités à faire «le petit peu qui dépend de nous» pour mener une vie plus simple, plus engagée.

 C’est notre propre transformation qui contribuera à transformer le monde.

Catherine ROUSSEAU